Écocide

de Tristan Choisel et Michèle Énée

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Leurs plantes d'appartement disparaissent. Alors ils vont devoir quitter les lieux.


> Sélection Panta Théâtre - 2007
 
> Texte revisité par Tristan Choisel après cette sélection
 
> Sélection Comédie de l'Est (centre dramatique national d'Alsace) - finaliste du Coup de cœur 2018

> Sélection Éclats de Scènes - 2019

> Le texte cherche son équipe artistique.
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> durée : 1 h 15

> 1 décor

> 6 personnages (3 femmes et 3 hommes)























Une plante d’appartement disparaît chez Gilles et Christiane, se volatilise. Gilles et Christiane sont les premières victimes d’un phénomène que d’aucuns avaient annoncé : parce qu’ils sont tels qu’ils sont, c'est-à-dire perturbés et perturbants, les êtres humains rendent leur intérieur inhabitable. Les plantes d’appartement sont les premières à en souffrir. Lorsque toutes auront disparu chez Gilles et Christiane, c’est que le logement sera devenu inhabitable pour eux-mêmes, irrespirable, c’est qu’ils devront aussitôt le quitter, sans l’espoir d’emménager ailleurs, car désormais ils rendraient inhabitable à la seconde tout intérieur dans lequel ils viendraient à mettre les pieds…

Cette parabole sur notre environnement, sur notre façon d'habiter le monde et d'habiter tout court, nous a semblé juste et originale. La fable fait écho à différentes situations du monde actuel. On peut y reconnaître notamment notre soumission de plus en plus grande aux discours normatifs.”
Comité de lecture de la Comédie de l'Est

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[...] CHRISTIANE. Si tu vas sur Internet, tu vas trouver des explications plus claires que les miennes. Quand on aura passé la porte, on ne pourra plus jamais passer une seule autre porte. –Vas voir sur Internet ; mais n’y passe pas deux heures, parce qu’on a les bagages à faire.– Une fois qu'on a rendu un intérieur inhabitable, on rend tous les intérieurs inhabitables, cette fois aussitôt qu'on y entre, dans la minute qui suit –tape disparition plantes intérieur inhabitable, ne perd pas de temps. Jusqu’à la fin de nos jours, on sera contraints de vivre dehors, de dormir dehors, de tout faire dehors. Et pas question de prendre racine quelque part –ça aussi, ils l'ont dit : passé vingt-quatre heures sur un site, on rendrait ce site irrespirable. Tous les jours, il nous faudra lever le camp, toutes les nuits dormir en un endroit différent. C'est une vie de vagabonds qui nous attend. Je suis désolée de ne pas expliquer tout bien du premier coup... [...]

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[...] L’HOMME. Bonjour.

GILLES. Bonjour...

L’HOMME. Nous voudrions savoir si la maison est à louer ou à vendre.

GILLES. Quelle maison ?

L’HOMME. Cette maison-ci.

GILLES. Elle n’est ni à louer ni à vendre.

L’HOMME. Qu’est-ce qu’elle est, dans ce cas ?

GILLES. Ce qu’elle est ?...

L’HOMME. Si cette maison est libre mais qu’elle n’est ni à louer ni à vendre, qu’est-ce qu’elle est ?

GILLES. Elle n’est pas libre.

L’HOMME. Vous ne la libérez pas ?

GILLES. Nous ne la libérons pas.

L’HOMME. Dans ce cas, c’est elle qui se libère –je ne sais pas comment je dois dire–, elle indique bien en tous les cas qu’elle est libre.

GILLES. Elle n’est pas libre.

L’HOMME. La façade nous indique qu’elle est libre, pardonnez-nous.

GILLES. La façade ?

L’HOMME. La façade indique que la maison est libre.

LA FEMME. Elle l’indique clairement.

GILLES. Et moi je vous indique clairement que nous n’envisageons pas de partir d’ici. [...]

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Texte intégral et/ou résumé complet sur demande.