Les toilettes de l'entreprise

de Tristan Choisel

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Être salarié, c’est un peu accepter de disparaître…

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> Projet de mise en scène par Laurent Lévy en 2024.

 

> Texte publié chez Lansman Editeur - novembre 2021.

> Lauréat de l’aide à la création d’Artcena – automne 2020.

> Mise en scène par Mathilde Souchaud (Compagnie Studio Monstre - avec : Antoine Amblard, Laurent Cogez, Perrine Dauger, Lise Quet et Delphy Murzeau) - 2021-23. 

 > Dans la sélection 2020-21 du bureau des lecteurs de la Comédie-Française - mise en lecture par les comédiens de la troupe au Studio-Théâtre de la Comédie-Française - "coup de cœur" des spectateurs du deuxième cycle des lectures de la saison 2021-22 - novembre 2021.

> Dans la sélection 2022-23 du comité de lecture de la Comédie de Caen - Centre Dramatique National de Normandie.

> Finaliste prix Text'enjeux 2022 (Maison du Théâtre d'Amiens) - lecteurs étudiants.

> Finaliste prix Godot 2023 du Centre dramatique des villages du Haut-Vaucluse - lecteurs collégiens et lycéens. 

> Finaliste prix Godot 2024 de la Comédie de Caen - Centre Dramatique National de Normandie - lecteurs collégiens, lycéens et étudiants.

> Mise en lecture d'extraits en norvégien dans le festival Heddadagene, à Oslo - mardi 8 juin 2021 - sélection Institut français de Norvège.

> Utilisation d'un extrait dans le dispositif immersif Les Loges de Joris Mathieu et Nicolas Boudier - sélection Artcena et Théâtre Nouvelle Génération - CDN de Lyon - création juillet 2021, Avignon.

> Mise en lecture dans le festival de Figeac - jeudi 29 juillet 2021 - sélection comédiens d'AtelierCité du Théâtre de la Cité - CDN Toulouse Occitanie.

>  Traduction en allemand par Wolfgang Barth - Kaiser Verlag - 2022.

> Traduction en roumain, par Diana Nechit et Andréi C. Serban, dans "Théâtre sans limites" - Ed. Université Lucian Blaga de Sibiu - 2022. 

> Traduction en polonais, par Zofia Gustowska - Agencja Dramatu i Teatru - à paraître en 2023.

> Mise en scène en allemand par la Compagnie Artikult Theater - 2023.

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> durée : 1h15

> pour une mise en scène relativement réaliste : 7 femmes et 7 hommes au minimum

> pour une mise en scène extrêmement peu réaliste : 3 femmes et 3 hommes

(3 femmes et 2 hommes peuvent même à l'extrême rigueur suffirent - la compagnie Studio Monstre me l'a prouvé !).

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Usine Farbo. On y décore des flacons en verre pour la parfumerie. Et l’esprit d’entreprise y fait sa loi. Bien que totalement immatériel, pure fiction, il abîme, saccage, sacrifie et dévore les salariés, qui eux sont pourtant parfaitement matériels, de vraies femmes et de vrais hommes pleins de vie. C’est une chose quand même incroyable. D’ailleurs personne ne veut y croire.

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 "Tristan Choisel pousse la métaphore et la conduit de manière extrêmement habile, évitant tout à la fois l'absurde et le didactique, proposant une lecture corrosive de la vie de nos sociétés qui pour grandir et prospérer se dévorent elles-mêmes."

Le Matricule des Anges

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UN POLAR FANTASTIQUE

ET PHILOSOPHIQUE

(présentation du texte par la Compagnie Studio Monstre)

Dès les premières lignes, l’univers de Tristan Choisel séduit, tel le chant des sirènes à l’oreille des comédiens. En effet, l’auteur fait avec cette pièce une promesse qu’il tiendra jusqu’au bout : celle d’offrir aux acteurs un terrain de jeu sans limite, au sein duquel déployer toute leur créativité et toute leur malice. Le texte, construit autour d’un groupe de narrateurs qui portent l’histoire, se développe à un rythme effréné. Les scènes dialoguées surgissent du récit, mettant en scène des personnages hauts en couleur, drôles et attachants. 

L’auteur définit lui-même sa pièce comme appartenant au « polar fantastique » et nous y retrouvons bien toutes les caractéristiques de ces deux genres mélangées : enquête, victimes, suspense, étrangeté, éléments surnaturels. Le spectateur est plongé dans une enquête pour le moins intrigante ! Le cadre d’abord : l’entreprise Farbo, fabricant de flacons pour la parfumerie de luxe ; les personnages ensuite : Michel Malo attend son collègue Jérémie Mauperthuis devant les toilettes du personnel à la fin de la pause déjeuner. Mais ce jour-là, Jérémie ne ressort pas des toilettes. Il semble y avoir disparu, sans qu’aucune explication valable ne puisse être avancée. Une investigation est lancée mais loin de résoudre l’affaire, elle met à jour des éléments de plus en plus étranges, jusqu’à ce qu’une nouvelle employée disparaisse à son tour dans les toilettes.

Le groupe de comédiens-narrateurs entraine les spectateurs à résoudre le mystère de ces disparitions, aux côtés des employés de l’entreprise Farbo. A un rythme haletant et avec un humour ravageur, Tristan Choisel nous amène à une réflexion philosophique sur ce que nous appelons « l’esprit d’entreprise ». L’idée s’incarne dans la pièce puisque les toilettes du personnel se trouvent être en réalité hantées par l’Esprit de l’entreprise, qui dévore les employés qui ont le malheur de croiser son chemin. Cette idée fantaisiste donne à la pièce une dimension supplémentaire : il ne s’agit plus seulement d’une farce sur l’univers de l’entreprise mais également d’une réflexion sur ce que l’idéologie du monde de l’entreprise fait aux individus et à quel point elle peut être destructrice, voire meurtrière. L’idéologie de l’entreprise dépasse les employés et même la direction et ses stratégies de communication ou d’aménagement pour le bien-être au travail. C’est notre rapport même à l’esprit de l’entreprise qui est remis en question et la pièce suggère qu’il est nécessairement néfaste quelles que soient nos bonnes volontés individuelles. Tristan Choisel nous amène ainsi à remettre en cause le système même de l’entreprise qui implique une adhésion totale de l’individu au projet de la structure qui elle, est déshumanisée et semble posséder une vie propre. Peut-être, en ces temps de crises sanitaires, économiques et sociales, est-ce une invitation à penser ensemble à de nouveaux modes d’organisation du travail ?

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Une lecture des 10 premières minutes, par Daniel Martin, Jérôme Ragon, Marianne Wolfsohn et Ben Rajca, de Rue du Conservatoire.

Le texte de ces 10 premières minutes :





Entreprise Farbo, deux cent cinquante employés.

Bientôt la fin de la pause pour Michel et Jérémie, équipiers de production.

Ainsi que les autres, Michel et Jérémie rejoignent paisiblement leur poste, en bavardant.

En bavardant un peu moins paisiblement qu’ils ne rejoignent leur poste.

Mais rien de grave : la discussion porte simplement sur ce qu’on appelle faire du camping.

Pour Michel, faire du camping avec un camping-car ou une caravane, c’est pas faire du camping. Faire du camping, c’est planter son campement, donc c’est planter sa tente.

C’est se réveiller le matin à la même hauteur que la pelouse.

Pour Jérémie, installer son camping-car dans un camping, c’est faire du camping.

Ma femme et moi, on a besoin de notre confort. Et c’est un seul camping pour les trois semaines.

C’est pas du camping.

Passant à côté des toilettes, comme tous les jours Jérémie réalise qu’il n’a pas encore profité de la pause pour aller pisser – c’est une habitude chez lui, à l’usine comme ailleurs, de se rendre compte au tout dernier moment qu’il n’est pas prêt.

Deux secondes.

Michel l’attend dans le couloir.

Lui, il est allé aux toilettes au début de la pause, il commence toujours par les toilettes, ensuite il mange, ensuite café, ensuite baby-foot, quand il y a le temps et quand il y a un baby de libre.

Jérémie, lui, il va d’abord tirer une cigarette – pas le choix, c’est la cigarette qui décide –, puis cantine, puis café, puis une autre cigarette obligatoire, donc rarement le temps de faire un baby, puis en retournant à son poste il se souvient qu’il a une vessie.

Michel attend.

Il se dit que faire du camping-car c’est peut-être quand même un tout petit peu faire du camping, après tout.

Mais à condition de ne pas passer les trois semaines dans le même camping ; là, non, c’est plus du camping.

Puis il se dit que les vacances, c’est pas pour tout de suite.

Puis il se met à penser à toute une enfilade d’autres choses. À son beau-frère qui, l’autre jour à table, a dit quelque chose d’un peu vexant à son père. Ce qui lui fait penser à une scène dans le film qu’ils ont regardé hier soir avec sa femme, et qu’ils avaient déjà vu deux fois. Ce qui lui fait penser à sa fille, qui dit qu’elle veut devenir météorologue. Ce qui lui fait penser à la haie dans le jardin, qui leur cache totalement la lumière le matin dans la cuisine.

Ça doit bien faire une minute que Jérémie est aux toilettes.

Michel espère qu’il n’y est entré que pour pisser, parce que – il regarde sa montre –, parce que la pause prend fin dans à peine plus d’une minute.

Michel attend encore trente secondes puis il entre dans les toilettes.

Jérémie n’est pas encore aux lavabos, et il n’est pas aux urinoirs.

C’est donc qu’il est aux chiottes.

Toutes les portes sont grand ouvertes, sauf une.

Jérémie ne se trouve pas dans celles qui sont grand ouvertes.

Qu’est-ce que tu fous ?!

Pas de réponse.

L’indicateur de fermeture de porte est sur le vert.

Eh Jérémie, on est en retard là !

Pas de réponse.

Inquiet, Michel toque à la porte.

Jérémie ?

Pas de réponse.

Michel pousse la porte.

Pas de Jérémie.

Michel rejette un œil aux autres chiottes.

Il n’est nulle part.

Alors là, Michel n’y comprend rien.

Nous non plus, à sa place, on n’y comprendrait rien.

Pour entrer et sortir de ces toilettes, il y a une seule porte, celle devant laquelle Michel a attendu durant une minute trente.

Ils n’ont pas pu se croiser sans se voir, c’est impossible.

Et Jérémie n’a pas pu sortir par une fenêtre, y a pas de fenêtre.

Y a pas non plus de trappe dans le plafond.

Et qu’est-ce que Jérémie irait faire au dessus du plafond ? on se le demande.

Donc, Michel se dit qu’il y a quelque chose qu’il ne comprend pas.

Quelque chose d’inquiétant.

Il ne sait pas où la chose inquiétante se situe, au-dedans ou en dehors de son cerveau, mais il y a une chose inquiétante située quelque part.

Il ressort des toilettes.

Et là il se dit : est-ce que par hasard Jérémie serait entré dans les toilettes pour femmes ? qu’il se serait trompé ? et que moi j’aurais cru le voir entrer dans celles pour hommes ?

Il visite les toilettes pour femmes.

Personne, ni femme ni Jérémie.

Si ça se trouve, se dit Michel, c’est bien dans ces toilettes pour femmes qu’il était, et pendant que je le cherchais dans celles pour hommes, il est ressorti et il est parti, en se disant que je l’ai pas attendu.

Pourtant, se dit Michel, pourtant, je suis vraiment sûr qu’il est entré dans celles pour hommes, j’en suis vraiment sûr, je le vois encore y entrer.

Il court voir au poste de Jérémie.

Il ne s’attend absolument pas à y voir Jérémie.

Michel se sent comme si le monde autour de lui venait d’être remplacé par un autre monde. Un monde qui semble être exactement le même que celui d’avant. Les murs sont les mêmes, le sol est le même, la lumière artificielle est la même, la rumeur incessante des machines est la même, mais ça n’est plus le même monde. C’est à présent un monde où il est possible qu’un collègue disparaisse dans les toilettes. Pas du tout le même monde. Un monde comme dans les rêves. Les cauchemars, plutôt.

Jérémie n’est pas à son poste. Il n’est pas à son poste.

Michel fonce sur la responsable de l’unité de production.

Il est où Jérémie ?

Il est encore plus en retard que toi.

Il a disparu.

Disparu ?

Caroline, il s’est passé quelque chose d’incompréhensible et de sûrement très grave – tu vas pas me croire, tu vas évidemment pas me croire, et je suis le seul témoin, le seul : Jérémie a disparu dans les toilettes.

J’ai pas le temps de plaisanter, Michel, toi non plus.

Personne va me croire – si quelqu’un me sortait une histoire pareille, moi non plus j’y croirais pas ! Écoute-moi, Jérémie est entré dans les toilettes à la fin de la pause, je l’ai attendu devant la porte, juste devant, les minutes s’écoulant je suis entré pour savoir ce qu’il foutait, parce que je voulais pas qu’on soit en retard, et là, je te jure, Caroline, je te jure, plus de Jérémie.

Plus de Jérémie…

Plus de Jérémie, je te dis.

Il était sur le trône, ton Jérémie.

J’ai ouvert toutes les portes.

Aux urinoirs.

C’est d’abord là que j’ai regardé, tiens.

T’as mal regardé.

J’avais les yeux ouverts, Caroline.

Il aurait pas un malaise, non ?

J’ai ouvert toutes les portes, je te dis.

T’as mal regardé.

J’ai regardé partout, partout : y a pas de cachette possible – surtout pour quelqu’un du gabarit de Jérémie.

Il est ressorti d’un chiotte pendant que tu le cherchais dans les autres.

Non.

Pour te faire une blague.

Et là, c’est pour te faire une blague à toi, peut-être, qu’il est pas à son poste ?

Écoute, Michel, j’espère que vous avez tous les deux mieux à faire que de me faire des blagues. Je vais essayer de savoir où il est, toi pendant ce temps tu retournes à ton poste – on a pris assez de retard comme ça ce matin.

De ma faute ?

J’ai pas dit ça. Allez, à ton poste, Michel.

C’est complètement dingue, complètement dingue. Je croyais pas que des choses pareilles étaient possibles, j’en rigolais. Il faut avertir la direction.

Je m’en charge.

Vu que je suis le dernier à avoir vu Jérémie, ça serait plus logique que ça soit moi.

Ce qui est logique, c’est que tu sois à ton poste.

Bon, va, de toute façon personne va me croire, je le sais bien : c’est pas pour qu’on me croit, que je raconte ce qui s’est passé, c’est pour avoir bonne conscience si jamais une deuxième personne disparaissait dans ces toilettes.

Ça m’a pas l’air très clair, votre histoire.

Il a disparu dans les toilettes.

Très bien, peut-être.

C’est horrible.

Allez, à ton poste – et tu mets ta charlotte.

Michel mets sa charlotte et s’installe à son poste. Une petite voix lui dit qu’il aurait vraiment mieux fait de se taire. De reprendre le travail et de les laisser se démerder de la disparition de Jérémie. Il sent que ça risque de lui causer des emmerdes. De grosses emmerdes. Il le sent.

Oui mais, puisqu’il y a un danger à fréquenter ces toilettes, il faut tout de même bien qu’il en avertisse les autres.

La petite voix lui dit que même, même s’il y a un danger pour les autres, il aurait mieux fait de la fermer.

Seulement, il est trop tard.

(…)

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NOTE D'INTENTION DE L'AUTEUR

Le dispositif de la pièce, qui s’affranchit d’un découpage en scènes bien distinctes, me permet de donner à l’entreprise le rôle principal, celui d’un superorganisme (je reprends le terme utilisé en écologie pour désigner les sociétés animales comme les ruches ou les fourmilières, dans lesquelles l’individu est comme une cellule totalement dédiée au corps auquel elle appartient). L’individu, dans le superorganisme qu’est l’entreprise, n’est pas une personne, mais une « ressource humaine ». Dont on attend une chose, une seule : qu’il contribue à faire progresser le chiffre d’affaire.
 

Ce que montre la pièce, dans un premier temps, avant qu’on comprenne qui est le responsable des disparitions d’employés dans les toilettes, c’est qu’une organisation vouée exclusivement à l’efficacité et au rendement est une organisation psychorigide, qui ne sait que faire de tout évènement irrationnel ou même simplement sensible, sinon le réduire en données que son logiciel saura traiter, et qui produira en réponse : minimisation, méfiance, sanctions, exclusions…

Ce que dit ensuite la pièce, c’est qu’en 2021 et en Europe, un travailleur est encore quelqu’un qui est amené à sacrifier une grande partie de lui-même voire la totalité pour un bénéfice beaucoup plus matérialiste qu’humaniste : gagner sa vie, satisfaire l’employeur, le supérieur hiérarchique, l’actionnaire, le client et – absurdité suprême – le système économique.

Ce que dit la pièce (et moi aussi), c’est que les gens méritent mieux que ce traitement. Ils méritent d’avoir pour préoccupation principale d’être utiles aux autres, d’œuvrer pour des objectifs responsables, de s’épanouir dans des activités qui ont du sens, d’avoir du temps pour eux, pour apprendre, pour créer, pour changer le monde. Tout ça ne doit plus s’exprimer timidement, à la dérobée, mais être le noyau de leur quotidien. Leur seule satisfaction ne peut plus être de se transformer à leur tour en client une fois leurs heures de travail effectuées. Ou de battre l’autre, de le dépasser, de passer avant lui.

Les gens méritent mieux que cet état d’esprit, mieux que ces entreprises qui, pour de basses visées mercantiles, exigent d’eux le sacrifice de la plus grosse partie de leur énergie, de leur sensibilité, de leur enthousiasme, de leurs rêves, et qui en prime peuvent à tout moment les jeter.

Ils méritent mieux que de travailler pour des employeurs qui ne commencent à se préoccuper de leur bien-être, à eux les employés, que depuis qu’ils ont découvert que ce bien-être est favorable à la productivité ! Qui ne commencent à se préoccuper de produire proprement que depuis qu’ils ont compris qu’il y a une clientèle pour les produits propres !

Les gens ont le droit à leur vie, le droit de ne pas être mangés par le système économique, le droit d’en changer pour un système économique qui ne mange personne, qui ne soit pas un monstre, qui soit un système humain fait pour les humains. Je crois que c’est ce que dit cette pièce, ce que du moins elle suggère à tout spectateur qui n’est pas fataliste ou résigné (et qui bien sûr ne souhaite pas le maintient du modèle actuel). Elle le suggère en ne s’embarrassant pas de nuances. Au moyen de la farce. Car ce qu’elle dénonce est aussi sans beaucoup de nuances. Ce qu’elle dénonce est aussi énorme et grossier qu’une farce.
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