Siestes paisibles

de Tristan Choisel


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La cruelle question de l'eau...

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> Projet ayant bénéficié de l'aide à l'écriture de l'association Beaumarchais-SACD - 2021 (une aide à la production de 5000 € pourra être accordée à la compagnie sur dossier).
 
> Ecriture accompagnée par le collectif A Mots Découverts.
 
> Dans la sélection 2022-23 du même collectif A Mots Découverts. 
 
> Dans la sélection 2024 du Troisième Bureau - mise en lecture dans le festival Regards Croisés, à Grenoble - 25 mai 2024. 
 
> La pièce cherche son équipe.
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> durée : 2h
> nombre de personnages : 5 femmes / 6 hommes (modulable)
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Un habitant par jour est enlevé par des extraterrestres au Clos des Sources, lotissement sécurisé. Point commun des victimes : leur propriété jouxte celle des Ledoux. Ce que les enquêteurs ne savent pas : depuis peu Jean-Michel Ledoux, en arrêt maladie pour dépression, porte un regard critique inattendu sur le mode de vie peu écologique de son foyer ; à l’heure où ont lieu les enlèvements, il fait sa sieste ; durant ses siestes, il se rêve en divers monstres des eaux ; et les personnes enlevées sont abandonnées par leurs ravisseurs dans un désert où elles meurent de soif les unes après les autres après avoir cherché en vain une explication à cette mise en scène macabre n’ayant d’autres spectateurs qu’eux-mêmes…

Le très gros problème – bien que les précédents ne soient pas petits –, c'est que Jean-Michel Ledoux va finir par s'en prendre à sa famille – « s'en prendre », car son implication dans les enlèvements, bien qu'inconsciente, finit par ne plus faire aucun doute –, révélant par là un malaise existentiel allant jusqu'au regret d'avoir eu des enfants – qu'il aime cependant – avec une femme qui n'était pas faite pour lui, qui l'a éloigné de ses idéaux de jeunesse, de son envie primordiale de se comporter responsablement dans ce monde.

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Fantaisie terrifiante et farfelue pour raconter une humanité dépassée et condamnée par son aveuglement face à l’urgence climatique. L’univers inimitable de Tristan Choisel. 
 
A Mots Découverts
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
EXTRAITS
 
 
[...]

Jean-Michel fait sa sieste. Et Cécile avait raison : de toute évidence, en journée comme le soir, sans même avoir besoin au préalable de se fatiguer sexuellement, il suffit à Jean-Michel de s’allonger pour s’endormir ; depuis qu’il est en dépression, il se réveille toutes les nuits vers deux heures, mais c’est un autre problème. Il a réussi à s’endormir sans difficulté, donc, et il rêve. Il rêve qu’il est un monstre marin.

JEAN-MICHEL. – Je suis un monstre marin.

Pas un monstre marin avec des nageoires et des dents de requin, rien de tout ça : il n’est pas différent physiquement de ce qu’il est dans la vie, lui Jean-Michel Ledoux : simplement il marche tout nu tout au fond de la mer et il a la réputation d’être un monstre marin.

JEAN-MICHEL. – Moi le monstre marin, je marche tout nu tout au fond de la mer parmi les algues, les poissons, les crabes et les poulpes. Je marche en montée, vers une plage. Je sens qu’il y a une plage par là.

 

 

[...]

 

CÉCILE. – De nouveau pendant que tu faisais ta sieste.

JEAN-MICHEL. – De nouveau un peu après quatorze heures, quoi.

CÉCILE. – Oui, c’est ce que je dis.

JEAN-MICHEL. – Si c’était un peu après treize heures, tu dirais pas : pendant qu’on était à table ; tu dirais : un peu après treize heures.

CÉCILE. – Je dirais : après treize heures pendant qu’on était à table. Là je dis : après quatorze heures pendant que tu faisais ta sieste.

JEAN-MICHEL. – C’est pas ce que tu dis.

CÉCILE. – Je dis quoi ?

JEAN-MICHEL. – Tu dis : pendant que je faisais ma sieste.

CÉCILE. – Alors d’accord, pas pendant que tu faisais ta sieste : après quatorze heures pendant que tu faisais ta sieste ; ça va là ?

JEAN-MICHEL. – Oui bon.

 

[...]