de
Tristan Choisel
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Ils sont différents des autres. Seuls. En danger.
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Ils sont différents des autres. Seuls. En danger.
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> Mise en scène :
> Mise en scène :
Par Sébastien Dalloni et Laura Madar – avec Sébastien Dalloni, Laura Madar et Thomas Harel (compagnie Branle-Bas de Combat) – production Théâtre Par le Bas - février 2025 (Nanterre) - projet initié en 2023 grâce au dispositif Constellations (AF&C et EAT). Teaser
> Écriture accompagnée par Michèle Énée, ainsi que par le collectif À Mots Découverts.
> Sélections : À Mots Découverts, Panta Théâtre, Théâtre du Rond-Point, Théâtre National de Strasbourg, Théâtre National de Toulouse, Écrivains Associés du Théâtre, Centre Dramatique des Villages du haut-Vaucluse et Première Approche ; nomination au Prix du Jardin d'Arlequin (Guérande).
> Lectures en public :
> Lectures en public :
- Au Théâtre du Rond-Point et à la MC2 de Grenoble, par Judith Henry et Alexandre Steiger (direction : Jacques Osinski) - sélection Th. du Rond-Point.
- Au Théâtre de l'Aquarium (Cartoucherie de Vincennes), dans les Lundis en coulisse, par le collectif À Mots Découverts - sélection AMD.
- Au Théâtre National de Strasbourg, par Muriel Inès Amat, David Martins et Cécile Péricone (direction : Fanny Mentré) - sélection TNS.
- Au Théâtre National de Toulouse, par Camille Lopez, Julien Meynier et Martin Nikonoff (direction : Romain Picquard) - sélection TNT.
> Mises en espace :
- Au Théâtre de l'Aquarium (Cartoucherie de Vincennes), dans les Lundis en coulisse, par le collectif À Mots Découverts - sélection AMD.
- Au Théâtre National de Strasbourg, par Muriel Inès Amat, David Martins et Cécile Péricone (direction : Fanny Mentré) - sélection TNS.
- Au Théâtre National de Toulouse, par Camille Lopez, Julien Meynier et Martin Nikonoff (direction : Romain Picquard) - sélection TNT.
> Mises en espace :
- Par Carole Drouelle (Théâtre de l'Acacia - Île-de-France), au CentQuatre, avec Benoît di Marco et Axel Petersen.
- Par Matthias Hornuss, au Théâtre 13, dans le cadre des Mardis Midi (sélection EAT) avec Aïda Asgharzadeh et Benjamin Brenière - sélection Ecrivains Associés du Théâtre.
- Par Matthias Hornuss, au Théâtre 13, dans le cadre des Mardis Midi (sélection EAT) avec Aïda Asgharzadeh et Benjamin Brenière - sélection Ecrivains Associés du Théâtre.
- Par Eva Schumacher, au Conservatoire du Grand Avignon, dans le cadre de Première Approche - sélection Eva Schumacher.
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> durée : 1 h
> 1 décor
> 2 personnages (1 femme et 1 homme)
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> durée : 1 h
> 1 décor
> 2 personnages (1 femme et 1 homme)
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Un homme et une femme trouvent dans leur boîte aux lettres un courrier anonyme se limitant à quatre mots : "Ne recommencez jamais ça". Ne recommencez jamais quoi ? Le corbeau fait-il allusion à leur passé de provocateurs ? – un passé révolu. Ou bien s’adresse-t-il plus particulièrement à l’homme, qui il y a quelques jours a pleuré à l’hypermarché ?
Une pièce d’une inquiétante étrangeté, mêlée de poésie et d’humour, par moments à la limite du burlesque, pour montrer le mécanisme par lequel la personne agressée, en s’isolant, concourt à l’objectif de l’agresseur ; mais une pièce aussi pour exprimer le désir d’un monde plus fraternel, plus harmonieux.
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“L'histoire est traitée avec une élégance rare, dégagé de tout réalisme anecdotique ou de tout militantisme, pour toucher l'essentiel : l'humain, tout simplement...”
Carole Drouelle
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Extrait (début)
Je
les imagine amoureux et complices, communiquant beaucoup par le
corps.
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— 1
—
LUI.
Je
me suis réveillé brutalement, en alerte. Les yeux grand ouverts sur
un danger invisible. Impossible de me rendormir.
Je
me suis habillé, et je suis sorti marcher au long de la mer. Dans
les derniers embruns de la nuit. Les premières lueurs du jour. Pas
longtemps. Juste histoire d’imprimer mes pas sur quelques centaines
de mètres dans le sable humide. Histoire de retrouver mon calme dans
le bruit des vagues.
Un
homme et une femme que jamais je n’avais vus auparavant marchaient
main dans la main. Ils m’ont adressé la parole – certainement
parce que surpris autant que moi de croiser du monde à une heure
aussi matinale. Nous avons discuté – ce n'est pas toi ce matin qui
as la primeur de ma voix enrouée.
Quand
je suis rentré, tu dormais encore profondément – il était encore
très tôt. J’ai mangé et je suis monté travailler.
Ils
viennent de s'installer.
Ils
me plaisent bien. Ils sont un peu comme nous.
Cette
impression de danger que j'avais depuis le réveil s’est estompée.
Quel
danger pourrait-il y avoir ? Les vagues sont si belles, si bien
formées.
…
Y
a-t-il du courrier ?
ELLE.
Je
ne suis pas allée voir.
Elle
se rend à la boîte, trouve deux courriers. L’un des deux
l’intrigue. Elle ouvre l’enveloppe sans précautions. Lit.
LUI.
Qu’est-ce
que c’est ?
ELLE.
Je
ne sais pas.
C’est
écrit : « Ne recommencez jamais ça. » Rien
d’autre. Pas de signature. Fait à l’ordinateur.
Je
suppose qu’il veut toucher le courrier de ses propres mains, voir
ce qui est écrit de ses propres yeux.
« Ne
recommencez jamais ça. » Et que ne devons-nous jamais
recommencer ?
L’enveloppe
aussi est dactylographiée. Avec nos deux noms. Postée hier
après-midi sur la commune. Un timbre ordinaire.
Qu'aurions-nous
fait de dérangeant ces temps derniers ? Sais-tu ? Aurions-nous
mal agi ? Aurions-nous fait du tort à quelqu'un ?
LUI.
Je
le verrais bien assis sur une chaise de cuisine.
…
Hier
matin, j’ai pleuré à l’hypermarché.
Je
poussais mon caddie encore vide.
Après
avoir, durant des millions d’années, tous ensemble, pour les
besoins du groupe, cueilli de petits fruits, prélevé de jeunes
feuilles, arraché de tendres racines, attrapé le poisson, chassé
l’animal, recueilli l’eau, entretenu le feu, nous retrouver là,
dans un hypermarché, m’est apparu épouvantablement humiliant.
Tout
à mon émotion, quand il m’a fallu prendre un premier virage, je
me suis cogné le tibia contre ce stupide accessoire du chariot qui
sert à poser le pack de lait ou d’eau, et oblige à marcher à pas
contrôlés.
Cela
a suffi – il en fallait peu – pour que je m’effondre en larmes.
D’énormes sanglots.
Pour
soulager mon corps du poids de ma peine, je me suis laissé tomber
sur une chaise de cuisine – je me trouvais près d’un déballage
d’affaires à saisir, la chaise en faisait partie.
Assis
là, au croisement entre l’allée de l’entrée et l’allée
centrale, entre une lampe halogène et un panier à linge, j’ai
continué de pleurer. Encore assez longtemps, je crois.
Mais
il y a tous les jours quelqu’un qui pleure assis sur une chaise de
cuisine.
Chez
soi ou sous les regards déphasés de tout un hypermarché, cela
s’appelle pleurer.
Et
c’est dans les deux cas une chaise de cuisine.
ELLE.
Tu
as bien fait.
LUI.
Je
n’ai rien fait du tout. Je ne l’ai pas fait exprès.
ELLE.
Mais
c’est quelque chose qu’il faudrait refaire.
LUI.
Qu’il
faudrait refaire ?!
ELLE.
Accepteras-tu
de l’entendre ? provoquer me manque. Je ne sais pas comment je
me retiens.
LUI.
Parce
que c’est du passé. C’est du passé.
Une
fois, il nous a fallu déménager, tout quitter, à cause de notre
talent pour la provocation. Pas deux fois. Je ne veux pas avoir à
partir d’ici. Je m’y plais trop. Pas toi ?
ELLE.
Ce
n’est pas d’être allé pleurer à l’hypermarché qui va nous
obliger à partir.
LUI.
Je
ne suis pas allé pleurer à l’hypermarché, j’étais dans
l’hypermarché et j’ai pleuré.
ELLE.
Oui.
Oui, mais c’est un acte manqué.
LUI.
Fasse
alors que je n’en commette pas d’autres.
Quand
nous sommes arrivés ici, il était convenu entre nous que nous
cesserions toutes provocations.
Tu
ne voudrais pas que nous recommencions ?!
Nous
ne devons plus. Nous en avons suffisamment souffert.
Et
je te parie que c’est une mise en garde qu’ils nous adressent.
Ils nous conseillent de ne pas refaire ici ce que nous faisions
là-bas.
ELLE.
Que
sauraient-ils de ce que nous faisions là-bas ?
LUI.
Oh,
ils se seront renseignés.
ELLE.
J’espère
qu’ils ont mieux à faire.
Sans
doute qu’ils y réfléchissent un moment.
LUI.
Je
nous considère comme d’anciens provocateurs.
ELLE.
Moi
aussi.
LUI.
Je
ne veux pas repasser par où nous sommes passés.
ELLE.
Mais
moi non plus.
LUI.
Il
y a plusieurs époques dans une vie.
ELLE.
Il
y a plusieurs époques dans notre vie, oui.
Oui.
Elle
s’y résout difficilement, je crois.
La
vie de la plupart de nos contemporains se constitue d’une seule
époque… Époque au cours de laquelle ils n’aiment pas du tout
qu’on les provoque – ou alors aiment beaucoup qu’on les
provoque, mais avec ce qui ne les provoque plus depuis longtemps,
avec ce qui n’a plus rien de provocant.
Avant
tout, ils veulent être tranquilles. Fais-leur courir le risque de
périr demain – atomisés, empoisonnés jusqu’à la dernière
cellule, écrabouillés contre le premier obstacle, dévorés par
leurs refoulements : si pour aujourd’hui ce risque leur assure
des minutes tranquilles, tu auras leur bénédiction. Mais tes sales
provocations : non ; là tu mets leur tranquillité en
péril, malheureux ! ils vont te chasser. Ils tiennent moins à
la vie qu’à leur tranquillité.
Il
y a sûrement une explication à ça…
En
tous les cas, toi et moi, nous sommes entrés dans une époque de
notre vie qui devrait avoir leur faveur…
…
Oui,
je regrette le temps de nos provocations – souviens-toi quand je
dénonçais les abus de mes parents en place publique…
LUI.
J’entends
bien, j’entends. Il n’empêche que vient d’arriver dans notre
boîte un courrier qui n’est pas une provocation, mais une menace.
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Extrait
[...]
[...]
ELLE.
Nos
affiches n’ont pas été déchirées, personne n’y a touché,
personne n’y a porté d’inscription. Ça, c’est peut-être un
bon signe… C’est signe peut-être que l’hostilité est toute
relative.
Il
n’est pas seulement tombé de pluie pour les abîmer – même les
dieux sont avec nous.
…
Et
cependant, je dois bien admettre que quelque chose dans l’air n’est
pas rassurant.
Les
regards ne sont pas rassurants. De loin, ils sont insistants. De
près, ils sont fuyants. Plus ça va, plus les voisins nous montrent
leur dos.
LUI.
Et
plus ça va, plus tu regardes les choses en face.
[...]
_________
Pièce anciennement intitulée "J'ai pleuré assis à l'hypermarché".
Texte intégral et/ou résumé complet sur demande.