S'en sortir ici / Sortir d'ici

de Tristan Choisel
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Soit tu vis à l'intérieur du système, soit tu vis à l'extérieur. Dans un cas comme dans l'autre, ta vie est très difficile.



> Pièce dans la sélection 2019-20 du collectif ALT : Rencontres autour du textes à Paris : Shakirail et Théâtre de la Cité Internationale - octobre 2019.

> Dans la sélection 2020 du comité de lecture de France Culture. 

> Le texte cherche son équipe artistique.
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> durée : 1 h 30
> Distribution minimale : 11 (5 femmes et 6 hommes)
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Soit tu vis à l’intérieur du système, soit tu vis à l’extérieur. Si tu vis à l’intérieur, tu es captif d’une cité gérée par le Logiciel, lequel sait tout de toi et dont les logiques ne servent pas tes intérêts ; tu ne choisis presque rien de ton existence, ni ta formation, ni ton travail, ni ton logement ; tu te plies à un mode de vie hyperconcurrentiel ; tu peux à tout moment, pour peu que tu sois un peu moins bien noté qu’avant, être muté avec ton conjoint dans une autre cité donc séparé jusqu’à la fin de tes jours de tes proches, y compris de tes enfants s’ils sont majeurs. Si tu vis à l’extérieur du système, tu n'es pas un Citoyen, tu es un Sauvage, tu vis dans la nature, au sein d’une société qui a l’avantage d’être écologique et solidaire mais qui est dépourvue de tout équipement moderne, notamment médical. C’est soit l’un, soit l’autre. Et il y a deux façons, lorsqu’on est un Citoyen, de devenir un Sauvage : la façon involontaire et la façon volontaire. Lorsque le Logiciel considère que tu es devenu totalement inutile dans les cités, il t’exile définitivement chez les Sauvages : c’est la façon involontaire. Si tu fais tout ton possible pour devenir inutile afin que le Logiciel t’expédie chez les Sauvages : c’est la façon volontaire. Tout ça évidemment est la source de bien des drames humains, comme vont l’expérimenter entre autres Chloé et Théo…
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Extrait (début)



1-

Un extérieur urbain crasseux, dégradé, sans le moindre charme.

Nino (la quarantaine) et Astrid (la trentaine).



ASTRID. Vous aussi vous cherchez à… ?

Comme moi, j’imagine, vous cherchez…

NINO. À me faire exclure, vous voulez dire, je suppose.

ASTRID. Oui.

NINO. Non, je ne cherche pas.

ASTRID. Ah, excusez-moi.

NINO. C’est rien.

ASTRID. J’étais persuadée, pardonnez-moi.

NINO. Non, j’espère remonter.

Ma femme a de gros problèmes de santé – elle a besoin d’un suivi régulier.

ASTRID. D’accord, je comprends.


NINO. Ça vous étonne que j’en sois là ?

ASTRID. Disons qu’en vous écoutant parler, on ne se dit pas que… On ne se dit pas que vous êtes démuni intellectuellement.

NINO. Vous êtes bien aimable.


Je suis allé de dépression en dépression.

ASTRID. Ah d’accord.

NINO. Depuis toujours – déjà enfant.

Le Logiciel n’aime pas beaucoup les dépressifs.

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NOTE D'INTENTION DE L'AUTEUR

Comme déclencheur, simplement la volonté de faire porter à une dystopie un dilemme selon moi en germe dans notre monde contemporain, notamment parmi les plus jeunes : batailler pour s’en sortir dans ce système économique mondialisé de plus en plus brutal (que le gouvernement chinois va façonner petit à petit à son goût), ou bien batailler pour créer quelque chose de précaire à côté (à l’instar des Zadistes). L’envie (naïve) que le dilemme tombe.
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Texte intégral sur demande